Fête
de l’Immaculée Conception,
Jour
de lancement du Jubilé de la Miséricorde
Ouverture
de la Porte Sainte à Rome.
50
ans du Concil Vatican II
Homélie du Pape François,
(…) Au
premier plan le primat de la Grâce.
Ce qui (…) renvoie à l’expression que l’ange Gabriel adresse à une jeune fille,
surprise et troublée, indiquant le mystère qui l’envelopperait : « Je te salue,
Comblée-de-Grâce » (Lc 1, 28).
La Vierge Marie est appelée surtout à se réjouir
de ce que le Seigneur a accompli en elle. La Grâce de Dieu l’a enveloppée, la
rendant digne de devenir mère du Christ. Lorsque Gabriel entre dans sa maison,
le mystère le plus profond qui va au-delà de toute capacité de la raison,
devient pour elle motif de joie, de foi et d’abandon à la parole qui lui est
révélée. La plénitude de la Grâce
est en mesure de transformer le cœur, et le rend capable
d’accomplir un acte tellement grand qu’il change l’histoire de l’humanité.
La fête de l’Immaculée Conception exprime la
grandeur de l’amour de Dieu. Il est non seulement celui qui pardonne le péché,
mais en Marie, il va jusqu’à prévenir la faute originelle, que tout homme porte
en lui en entrant dans ce monde. C’est l’amour
de Dieu qui devance, qui anticipe et qui sauve. Le début de
l’histoire du péché dans le jardin de l’Eden se conclue dans le projet d’un
amour qui sauve. Les paroles de la Genèse renvoient à l’expérience quotidienne
que nous découvrons dans notre existence personnelle. Il y a toujours la
tentation de la désobéissance qui s’exprime dans le fait de vouloir envisager
notre vie indépendamment de la volonté de Dieu. C’est cela l’inimitié qui tente
continuellement la vie des hommes pour les opposer au dessein de Dieu.
Pourtant, même l’histoire du péché n’est compréhensible qu’à la lumière de
l’amour qui pardonne. Si tout restait cantonné au péché, nous serions les plus
désespérées des créatures, alors que la promesse de la victoire de l’amour du
Christ enferme tout dans la miséricorde du Père. La Parole de Dieu que nous
avons entendue ne laisse pas de doute à ce sujet. La Vierge Immaculée est
devant nous un témoin privilégié de cette promesse et de son accomplissement.
Cette Année Sainte extraordinaire est aussi un
don de Grâce. Entrer par cette Porte signifie découvrir la profondeur de la Miséricorde
du Père qui nous accueille tous et va à la rencontre de chacun personnellement.
Ce sera une Année pour grandir
dans la conviction de la miséricorde. Que de tort est fait à Dieu
et à sa Grâce lorsqu’on affirme avant tout que les péchés sont punis par son
jugement, sans mettre en avant au contraire qu’ils sont pardonnés par sa
miséricorde (cf. Augustin, De
praedestinatione sanctorum 12, 24) ! Oui, c’est vraiment ainsi.
Nous devons faire passer la miséricorde avant le jugement, et dans tous les cas
le jugement de Dieu sera toujours à la lumière de sa miséricorde. Traverser la
Porte Sainte nous fait donc nous sentir participants
de ce mystère d’amour. Abandonnons toute forme de peur et de
crainte, parce que cela ne sied pas à celui qui est aimé; vivons plutôt la joie de la rencontre avec la Grâce qui
transforme tout.
Aujourd’hui en franchissant la Porte Sainte,
nous voulons aussi rappeler une autre porte que, il y a cinquante ans, les
Pères du Concile Vatican II
ont ouverte vers le monde. Cette échéance ne peut pas être rappelée seulement
pour la richesse des documents produits, qui jusqu’à nos jours permettent de
vérifier le grand progrès accompli dans la foi. Mais, en premier lieu, le
Concile a été une rencontre. Une véritable rencontre
entre l’Église et les hommes de notre temps. Une rencontre marquée
par la force de l’Esprit qui poussait son Église à sortir des obstacles qui
pendant de nombreuses années l’avaient refermée sur elle-même, pour reprendre
avec enthousiasme le chemin missionnaire. C’était la reprise d’un parcours pour
aller à la rencontre de tout homme là où il vit : dans sa ville, dans sa
maison, sur son lieu de travail… partout où il y a une personne, l’Église est
appelée à la rejoindre pour lui apporter la joie de l’Évangile. Une poussée
missionnaire, donc, qu’après ces décennies nous reprenons avec la même force et
le même enthousiasme. Le Jubilé nous provoque à cette ouverture et nous oblige
à ne pas négliger l’esprit qui
a jailli de Vatican II, celui du Samaritain, comme l’a rappelé le
bienheureux Paul VI lors de la conclusion du Concile. Franchir la Porte Sainte
nous engage à faire nôtre la miséricorde du bon Samaritain.
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